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APPENDICE

terre ; ou comme Madame de Wault de Monceaux, veuve d’un colonel de chevau-légers, qui se remariait, au-dessous de sa condition, par un sublime motif de compassion chrétienne.

« Quelque temps après son arrivée au Canada, dit la Mère Marie de l’Incarnation, M. Bourdon demeura veuf avec sept enfants, dont aucun n’était en état de prendre soin de son père. Madame de Monceaux eut un puissant mouvement d’assister cette famille ; et, pour cet effet, elle se résolut d’épouser M. Bourdon, dont la vertu lui était connue, mais à la condition qu’ils vivraient comme frère et sœur. Elle se ravala de condition pour faire ce coup de charité, et l’on ne saurait croire tout le bien qui a réussi de cette généreuse action. »

« Le Canada est le seul pays au monde dont la colonisation soit le fruit de pareils actes d’un aussi magnifique dévouement. Mais, dans un autre ordre d’idées, fort humaines et fort légères, la vie de la comtesse de Frontenac n’en est pas moins curieuse, car elle nous la montre lancée dans la société la plus brillante de la France, recevant les hommages d’un prince souverain,[1] et, par une liaison et une correspondance intimes avec Madame de Maintenon, exerçant sa part d’influence sur les destinées de la mère-patrie. »

Suivent quelques notes généalogiques sur la famille de Frontenac et le récit du mariage de Louis de Buade avec Anne de la Grange-Trianon.

Puis le biographe nous parle de la conduite de Madame de Frontenac au temps de la Fronde :

« La comtesse de Frontenac qui, par sa beauté, mérita le nom de La Divine, devint l’une des plus brillantes héroïnes de la Fronde, et Madame de Motteville raconte dans ses Mémoires qu’elle joua un rôle important comme amie et confidente de Mademoiselle, fille du duc Gaston d’Orléans, et qui fut sur le point d’épouser Louis XIV. En 1652, durant la rébellion, le roi s’étant approché d’Orléans avec son armée, les Frondeurs supplièrent le duc d’Orléans de s’y jeter afin de maintenir les habitants dans leur parti. Mais ce prince, qui ne brillait pas par l’énergie, préféra rester à Paris et il se fit remplacer par sa fille.

  1. De Charles IV, duc de Lorraine.