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APPENDICE

rares les Français qui nous connaissent bien et qui nous aiment de même, pour qu’on leur souhaite de vivre le plus tard possible, de mourir centenaires comme leurs illustres compatriotes, Fontenelle ou Chevreul.

Je vous dis en terminant l’adieu de Cicéron : Vale, et me ama. C’est l’un des plus beaux que les hommes se puissent transmettre aux départs cruels, aux séparations crucifiantes de la vie. Il convient admirablement aux amitiés lointaines et sincères. »

Cette lettre, expédiée le 8 mai 1894, au numéro 9, de la rue Lécluse, près la Place Moncey, parvint à son adresse mais non pas à la connaissance de M. Pierre Margry. Trois jours avant qu’elle fût écrite (le 5 mai 1894), le Paris-Canada publiait une notice nécrologique du regretté Pierre Margry décédé le 27 mars précédent. Le 6 juin suivant, ma lettre me revenait, personne ne s’étant trouvé au numéro 9 de la rue Lécluse pour la recevoir.

Je n’ai appris que tout récemment l’adresse de la résidence de Madame veuve Pierre Margry. Cette information m’a déterminé à publier ici cette lettre que je gardais depuis huit ans en portefeuille en souvenir d’un homme avec lequel il m’était si agréable de correspondre. Je tiens à ce que Madame Pierre Margry sache quels sentiments de gratitude j’entretenais vis-à-vis du distingué français qui fut son mari et auquel mon éducation historique est redevable de si grands services. Si tard qu’elle l’apprenne, il lui sera sans doute consolant de connaître que l’éminent archiviste dont elle porte le nom avait au Canada, — il le possède encore — un ami qui garde son souvenir avec respect et reconnaissance.

J’en renouvelle ici l’expression et je la complète en publiant, à l’Appendice de ce livre, inspiré par la correspondance échangée entre nous, le bel article que l’honorable Hector Fabre, notre distingué commissaire-général canadien à Paris, publiait dans son journal, le Paris-Canada, à la date du 5 mai 1894.

Ce sera le suprême hommage à rendre à la mémoire d’un savant qui a consacré sa vie à l’étude des Origines françaises des pays d’Outre-Mer, et particulièrement à l’histoire de notre bien-aimée patrie, le Canada.