pas dans votre goût vous pourrez la couper pour qu’elle ne gêne pas l’usage que vous en voulez faire.
Cet échange de lettres amicales, frappées au coin de la plus parfaite courtoisie, continua de la sorte jusqu’au 8 mai 1894. Ce jour-là j’écrivis à mon vénérable correspondant :
« Vous recevrez, avec la présente, trois exemplaires de mon ouvrage, Sir William Phips devant Québec. C’est une âpre et sèche étude historique et archéologique sur le second siège de Québec glorieusement soutenu par Frontenac contre les Puritains de la Nouvelle-Angleterre, en 1690.
« Vous m’écriviez, à la date du 27 janvier 1891 : « j’espère qu’il me sera donné d’apprendre le succès du livre que vous préparez. Je vous le souhaite de grand cœur. » Vos bons souhaits sont en partie exaucés. Mes frais d’impressions typographiques sont maintenant assurés. Quelque médiocre que ce résultat vous paraisse j’en suis fort satisfait, car il est très dangereux chez nous, au Canada — je parle toujours au point de vue financier de l’entreprise — de publier des ouvrages de cette nature qui traitent exclusivement de la critique de l’histoire et de l’archéologie. Ils se vendent peu et se lisent encore moins. Et voilà pourquoi un auteur canadien s’estime heureux quand son livre ne lui crée pas un nouveau créancier dans la personne de son éditeur.
« Je vous soumets respectueusement cet ouvrage à votre critique et j’accepte d’avance le jugement que vous prononcerez. Je regrette de le voir se présenter à votre tribunal en prévenu, accusé de plusieurs délits historiques. L’incriminé plaidera cependant « non-coupable » et se réclamera du bénéfice des circonstances atténuantes. Son auteur n’a pas apporté dans la préparation de cette œuvre ce travail patient et cette belle assurance de la vie qui font, aux véritables écrivains, vingt fois sur le métier remettre leurs ouvrages.