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APPENDICE

la chapelle des MM. de Montmort, en faudrait-il conclure que cette cendre illustre n’y fut jamais apportée ni reçue ?

Eh ! rappelons-nous donc un autre fait historique de cent ans plus rapproché de nous, et qui entraîne des conséquences et des conclusions identiques. Vainement chercherait on dans les registres de la paroisse Notre-Dame de Québec l’acte de réinhumation, en date du 11 septembre 1796, des restes calcinés de Frontenac, Callières, Rigaud-Vaudreuil et Taffanel de la Jonquière, transportés des urnes fumantes de l’église des Récollets aux caveaux de la cathédrale. Et cependant, ne savons-nous pas, en toute sécurité de preuve historique[1] que la dépouille mortelle de ces quatre gouverneurs repose actuellement à la Basilique ?

Ce qui démontre qu’il ne faut rien conclure du silence des archives, et qu’on le pourrait même interpréter dans un sens hostile aux archivistes, car ces lacunes regrettables ne prouvent que trop souvent leur négligence, oserai-je dire leur criminelle incurie ? En 1877, alors que l’on poursuivait sous la Basilique des travaux d’excavation et d’exhumation, on chercha vainement à identifier à travers un fouillis d’ossements les cendres de nos gouverneurs français. Vain labeur, peines inutiles ! Jetée au vent, leur poussière n’eût pas été perdue davantage. Une feuille de plomb placée dans le cercueil des quatre autres successeurs de Samuel de Champlain au château Saint-Louis, eût tout sauvegardé. Cette légère aumône, les fabriciens de cette époque la refusèrent à leur mémoire.[2] Je m’explique la légitime colère de l’intelligent curé de Sainte-Croix, M. l’abbé Georges Côté, et son indignation devant un acte aussi mesquin :

  1. M. l’abbé Plante, chapelain de l’Hôpital-Général de Québec, a prouvé cette translation le jour où il découvrit, dans un livre de prônes, l’annonce publiée à la page 148 de cette Étude.
  2. En y réfléchissant, je reconnais avoir mauvaise grâce à traiter de pingres les fabriciens de 1796 ; ceux de l’an de grâce 1898 se sont-ils montrés moins chiches à l’égard de Frontenac ? Ce grand homme méritait bien que l’on célébrât, dans l’église même où il était venu suspendre, comme un trophée de reconnaissance nationale, le pavillon de l’amiral Phips, le deux centième anniversaire de sa mort. Lequel de nos marguilliers, anciens et nouveaux, (style de prône), a songé, à faire chanter à la Basilique de Québec, le 28 novembre 1898, un service solennel