cité, que « le révérend Père Joseph, Canadien, supérieur du couvent des Récollets de Québec, fut chargé de porter le cœur de M. de Frontenac en France. »
Je le savais ! C’est le cri du myope d’Offenbach, de l’amusant duc de la Luna, dans la Fille du tambour major ! Et c’est aussi le mien et celui de tous ceux qui connaissent par le détail notre belle histoire du Canada.
En 1893 parut, chez Eusèbe Sénécal & Fils, Montréal, une seconde édition, revue et corrigée, du Répertoire général du clergé canadien[1]. Or, nous lisons, à la page 73 de cet ouvrage, et sous le nom de Joseph Denis, récollet, ce qui suit :
« C’est ce Père Joseph qui, en 1698, fut chargé de porter en France, À LA COMTESSE DE FRONTENAC, le cœur du feu comte son mari. — Voir : À travers les registres pp. 226 et 227. »
Or nous lisons à la page du livre indiqué par la référence :
« Le R. P. Joseph, Canadien, supérieur du couvent des Récollets à Québec, a été chargé de porter son cœur en France. »
Ces mots additionnels, À LA COMTESSE DE FRONTENAC, constituent donc une véritable interpolation, un faux historique. Quelle en est l’excuse ? Je réponds pour son auteur : le mauvais désir de nuire à la mémoire de Madame de Frontenac, d’accréditer, si possible, cette odieuse calomnie auprès des lecteurs honnêtes et de les confirmer dans l’opinion méprisante qu’ils entretenaient déjà sur le compte de cette grande dame, qui le fut autant par l’esprit que par le cœur.
J’aurais aimé, en outre d’une preuve morale, étayée sur des arguments de raison, pouvoir confondre, avec le témoignage péremptoire d’une preuve écrite, les diffamateurs de Madame de Frontenac. À cet effet, je fis rechercher dans les archives paroissiales de Saint-Nicolas-des-Champs, à Paris — cela se passait en 1900 — un accusé de réception du cœur de Frontenac et un acte officiel constatant qu’il avait été déposé à la chapelle particulière des Messieurs de Montmort. Ma démarche était trop tardive, il eût fallu consulter le nécrologe de Saint-Nicolas-des-Champs avant 1793, pour cette excellente raison qu’il est irré-
- ↑ À cette époque (1893) La Vérité de Québec a publié sur cet ouvrage une série d’articles très sévères mais aussi très justifiés.