l’habit, ne laissent pas d’en avoir fait les vœux. » C’est pourquoi j’ai cru qu’il était de mon devoir de vous en avertir, afin que vous vinssiez, au cas où l’on en parlât, si, après avoir eu tant de peine à ôter aux « Pères Jésuites la connaissance et la direction des affaires de ce pays, il serait à propos de leur ouvrir une porte pour y entrer indirectement. »[1]
Il est manifeste que Frontenac se laisse inspirer, non pas par des prophètes, mais par des souffleurs.
Huit ans plus tard, le gouverneur qui, cette fois, a eu le temps d’apprécier, sinon d’aimer, les Jésuites, se montre beaucoup plus honnête à leur égard. Dans le document même où j’ai fait relever au dessin et à la photogravure le sceau de Frontenac — Acte de concession aux RR. PP. Jésuites d’une terre au-dessus du Saut, 31 octobre 1680 — le gouverneur s’exprime ainsi :
« Les Révérends Pères Jésuites requérant — qu’il nous plaise leur vouloir accorder un restant de terre d’une lieue et demie, ou environ, de longueur, à prendre depuis la terre nommée Le Saut,[2] en montant le long du Lac, vers la Seigneurie de Chasteau Gay, sur deux lieues de profondeur, ce qui leur donnerait encore plus de lieu d’y attirer les Iroquois et autres sauvages, d’en augmenter le nombre et d’étendre par ce moyen les semences de la Foi et de l’Évangile ;
« Nous, en vertu du pouvoir à Nous donné par Sa Majesté, et pour faciliter encore davantage aux Révérends Pères de la Compagnie de Jésus les moyens de continuer les soins qu’ils prennent depuis si longtemps et avec tant de zèle pour la conversion et instruction des dits Iroquois et autres sauvages, leur avons donné, accordé et concédé, donnons, accordons et concédons par ces présentes ce restant de terre d’une lieue et demie de longueur à prendre depuis la dite terre nommée Le Saut tirant vers la Seigneurie de Chasteau Gay avec deux lieues de profondeur.
« Pour en jouir, etc., etc. »
Ce changement radical des vues et sentiments de Frontenac à l’égard des Jésuites est d’autant plus remarquable qu’on le constate au propos même de cette concession du 31 octobre 1680.