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APPENDICE

Que l’on dit être est de trop, car il n’existe aucun doute sur l’identité du personnage que représente le tableau. Il est signé en toutes lettres : Anne de la Grange, Comtesse de Frontenac, Cette signature apparaît dans l’espace compris entre la courbe et la corde de l’arc que la comtesse tient à la main droite. Pour de bons yeux elle est lisible à l’œil nu, même sur cette petite photogravure ; avec une loupe, on la distingue parfaitement.

Il se trouve aussi au Musée de Versailles un portrait de la Grande Mademoiselle, la duchesse de Montpensier, fille de Gaston d’Orléans et nièce de Louis XIII. Elle est également représentée en Minerve. Même s’ils n’étaient pas signés des noms de leurs personnages, ces deux portraits se distingueraient l’un de l’autre par un trait de physionomie et une différence d’attributs qui rendent toute méprise impossible. Le portrait de Madame de Frontenac la représente dans toute la fraîcheur de ses vingt-cinq ans ; celui de Mademoiselle de Montpensier nous la peint déjà vieille, en pleine maturité, à l’âge de quarante-cinq ans. Voilà pour le trait physionomique. La différence des attributs mythologiques est encore plus frappante : la comtesse de Frontenac tient un arc à la main, la duchesse de Montpensier, un trident.

D’ailleurs, il suffira de lire dans Arvède Barine le portrait qu’elle nous fait de la Grande Mademoiselle[1] pour rendre impossible toute confusion entre les deux tableaux.

« Il existe au château de Versailles un portrait en pied de la Grande Mademoiselle, fille de Gaston d’Orléans et nièce de Louis XIII. La princesse est déjà grisonnante ; elle a quarante-cinq ans. Le peintre l’a représentée en Minerve de ballet mythologique, armée d’un trident, et coiffée d’un casque à plumes. Elle a le geste impérieux, la physionomie guerrière ; son air de vieille héroïne va bien avec les mœurs du temps de sa jeunesse et avec ses exploits d’amazone pendant la Fronde. Il y a de l’harmonie entre cette mine relevée et les aventures de l’illustre fille que l’air du temps, le théâtre de Corneille et les romans de La Calprenède ou de Scudéry avaient imbue de sentiments trop pompeux. L’artiste avait vu la Grande Mademoiselle telle que nous

  1. Cf : Arvède Barine, La jeunesse de la Grande Mademoiselle, ch. I, pp. 1 et 2.