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FRONTENAC

chez la comtesse de Fiesque, sa seconde maréchale de camp.

« Je lui demandai si elle n’avait vu personne, et si elle n’avait rien appris depuis que la Cour était arrivée ; elle me dit que les uns disaient que je serais chassée, les autres que l’on me voulait arrêter. Sa belle-mère était présente, qui me dit : « Je vois bien que sur cela vous voulez prendre quelque résolution ; je suis vieille et malsaine (malade) ; je ne veux point me brouiller avec la Cour. Adieu, je m’en vais à ma chambre, afin que, si on me demande de vos nouvelles, je puisse dire en vérité que je n’en sais point. »

« Madame de Frontenac me proposa si je voulais aller chez Madame de Montmort, sa belle-sœur : que c’étaient des gens retirés, qui ne voyaient quasi personne[1], et que c’est une grande maison. Je trouvai que cela était fort à propos. Je m’en allai à ma chambre, et je demandai mon souper, et dis : « Que tout le monde sorte ! je veux écrire ; qu’il ne demeure que Madame de Frontenac, Préfontaine et Pajot, » qui est une de mes femmes de chambre.

« Comme la porte fut fermée, je sortis par une autre et nous montâmes tous quatre dans le carosse de Préfontaine. Nous allâmes droit chez Madame de Montmort qui me témoigna bien de la joie de la confiance que j’avais en elle.

« Madame de Montmort me fit de grandes excuses de quoi elle me donnerait mal à souper ; mais que tout le monde ayant soupé chez elle, si elle envoyait à la ville, l’on s’apercevrait qu’il y aurait quelqu’un d’extraordinaire[2]. »

Le lendemain, sur l’ordre de Gaston d’Orléans, Mademoiselle de Montpensier s’en allait à Bois-le-Vicomte.

  1. En ce temps de guerre civile.
  2. Cf : Carette, Mémoires de Mademoiselle de Montpensier, pages 119 et 120.