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ET SES AMIS

d’Outrelaise[1], Raymond et Martin ; vous n’y fûtes point oubliée. »

Du salon de la marquise d’Huxelles on passait à celui de la maréchale d’Hunières, et ainsi de suite jusqu’à épuisement de la liste que l’on reprenait, comme en musique, da capo. Bien que l’on se disputât sa présence à toutes ces réunions mondaines, Madame de Frontenac n’y paraissait que très rarement, la belle comtesse ne quittant presque jamais l’Arsenal où elle trônait en permanence. À deux exceptions près — privilégiées illustres méritant bien cette déférence, j’ai nommé Mesdames de Maintenon et de Sévigné — la Divine ne visitait et ne fréquentait que ses parentes ou leurs alliées immédiates, les d’Huxelles, les d’Hunières, les Beringhens, les Montmorts, un tout petit cercle d’intimes, hautaines comme elle, et comme elle exclusives dans leurs amitiés.

Après la Fronde, la comtesse de Frontenac, dame d’honneur de la Grande Mademoiselle, et qui, autant par goût que par position, avait partagé toutes les équipées, couru toutes les aventures de la romanesque princesse, fit partie, dès 1657[2], de ce cercle fameux des belles Précieuses du Marais, de la rue des Tournelles.

  1. Les Divines. — Deux autres grandes dames, membres actifs de ce cercle distingué, avaient été nommées les Anges. On appelait ainsi deux sœurs, Élizabeth et Marie-Louise Rouxel, filles du maréchal de Grancey. Élizabeth devint plus tard Madame de Grancey, et fut dame d’atour de Marie-Louise d’Orléans, reine d’Espagne. Elle était sœur cadette de Marie-Louise, comtesse de Marey. Elle avait épousé son cousin Joseph Rouxel, comte de Marey qui fut tué au siège de Candie (1669) aux côtés de Frontenac son compagnon d’armes dans cette héroïque expédition.
    Cf : Lettres de Madame de Sévigné, Vol. III, page 10, note 19, édition Régnier.
    « Entre les Anges et les Divines, remarque spirituellement Laroche-Héron, un faible mortel ne pouvait manquer de tomber éperduement amoureux ! »
  2. L’année 1657, Mesdames de Frontenac et de Fiesque, anciennes maréchales de camp de la duchesse de Montpensier, rompirent violemment avec elle, et pour toujours. L’affaire eut grand éclat.