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FRONTENAC

Fléchier, pour ne nommer ici que deux des plus illustres intimes qui fréquentaient la demeure de son père, sur les sermons qu’il composait dans la retraite et le silence de ses nobles appartements, sermons qui lui valurent les éloges mêmes de Madame de Sévigné.

Frontenac se piquait de littérature, il tournait le madrigal et l’épigramme avec une égale facilité ; toutefois, la malice l’emportait sur la grâce de l’esprit, et il savait mieux railler que sourire. Son autorité, comme critique, était reconnue. Le baron de La Hontan lui soumit ses Dialogues ; lui-même prend le soin de nous en informer, et il ajoute que le gouverneur se donna la peine d’en corriger le manuscrit. Cette vaniteuse indiscrétion est fort compromettante pour Frontenac, étant donné les idées audacieusement antichrétiennes d’Adario, une espèce de philosophe incrédule que l’auteur a grimé en sauvage huron et qui me semble beaucoup moins sortir du bois que de l’Encyclopédie.

D’autre part, le Père Charlevoix écrit « qu’on a lieu de croire qu’il (Frontenac) mit la main au livre du récollet Chrestien Leclercq, Le Premier Établissement de la Foi au Canada. » Ce qui permettait au célèbre historien d’expliquer, à la satisfaction de son ordre, l’origine et la paternité des traits piquants décochés aux missions jésuites dans ce fameux ouvrage.

La Hontan se vantait-il, et Charlevoix se vengeait-il ? Que nous importe ! Il reste acquis que Frontenac, aux yeux de Charlevoix et de La Hontan, était un homme de lettres. Et cela suffit.

La correspondance officielle de Frontenac justifierait encore, et pleinement, la prétention du gouverneur au titre de lettré si nous n’avions pas, en sus de la bonne opinion qu’il avait de lui-même, une preuve éclatante de son goût sûr et éclairé par l’amour et l’intérêt passionné qu’il portait au théâtre. Le théâtre ! cette joie favorite des Français, leur amusement par excellence, le plus classique alors et demeuré le plus intelligent de leurs