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CHAPITRE II


Un Mécène français : Henri-Louis Habert, seigneur de Montmort, beau-frère de Frontenac. — Royale hospitalité de sa maison. Trois commensaux de Montmort : Gassendi, Molière, Colbert. — Frontenac, homme de lettres. — Sa passion pour le théâtre. Madame de Frontenac chez les Précieuses de la rue des Tournelles. — La Divine à l’Arsenal. — Caractère exclusif et hautain de son amitié. — De la conversation au 17ième siècle. — Un virtuose du bel esprit : le duc Du Lude.


L’asile assuré, le suprême refuge, c’était la famille de la troisième de ses sœurs, Henriette-Marie de Buade. La tendresse et le dévouement inaltérable de cette femme, commencés pour lui dès le plus bas âge, se continuaient et se complétaient par les égards et les plus vives sollicitudes de son mari et de ses enfants. Ces derniers, en effet, étaient, par l’élévation de leur position et de leur caractère, bien en mesure de satisfaire les goûts de son esprit, les aspirations de son âme et les affections de son cœur.

Le maître de cette maison superbe et d’aussi fier état se nommait Henri-Louis Habert, seigneur de Montmort[1], conseiller du Roi, maître des requêtes de son hôtel, l’un des Quarante choisis par Richelieu pour fonder

  1. L’ortographe de ce nom propre varie beaucoup : on écrit indifféremment Montmaur, Monmor, Montmor, Monmort, et Montmort. Je me suis arrêté à cette dernière épellation, la plus moderne, adoptée par la Gazette des Beaux-Arts.