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FRONTENAC ET SES AMIS

d’impuissance, comparable à la fureur d’un lion en cage devant la canaille qui le nargue et l’insulte.[1]

L’applaudissement lui-même, seul écouté, lui paraissait étrangement grêle et ridiculement mesquin. Ce bruit méprisable n’était plus, à cette distance des hommes et des événements, qu’un bourdonnement d’insecte, irritant, sarcastique, et moqueur. Et de l’entendre ainsi, Frontenac en demeurait exaspéré, triste à mourir, sentant déjà son horrible isolement l’envelopper comme d’un suaire. Le sentiment de cette solitude affreuse en eût fait un désespéré de la vie, s’il n’eût existé pour ce cœur aimant, au plus intime de cette âme ulcérée, un suprême refuge.



  1. Comme Pierre Margry avait raison d’écrire au sujet de Frontenac : « Un dénigrement haineux et de parti pris, des faits présentés d’une manière perfide, des assertions qui prouvent qu’on ignore les raisons autant que le détail des choses, peuvent tromper les esprits superficiels et mal informés sur l’opinion qu’on peut avoir d’un homme. Le silence même que celui-ci s’impose par dignité personnelle ou par égard pour d’autres, peut lui être défavorable. Mais les esprits de quelque valeur s’arrêtent devant une condamnation quand, avec plus de soin, ils remarquent les résultats d’une vie qui, pour avoir été féconde en bien, n’a pu s’inspirer que de nobles sentiments et de beaux desseins. »
    Cf : Introduction au tome Vième des Mémoires et documents pour servir à l’histoire des Origines françaises des pays d’Outremer, page 143 — Paris, 1887.