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défendre contre les adversaires que sa fermeté parfois brutale allait bientôt lui susciter. Madame de Frontenac fut, de tous, le plus actif ; elle était en correspondance régulière avec le comte, et c’est un malheur que nous n’ayons pu retrouver ses lettres qui devaient être riches de détails curieux et instructifs ; elle usa de toute son influence, de toutes ses relations pour faire prolonger le gouvernement de son mari. »[1]

L’historien de Frontenac ajoutait, dans une note, au pied de la même page :

« Il n’a pas été possible de découvrir où sont passés les papiers du comte et de la comtesse. »

J’ajouterai que, sans la correspondance officielle du gouverneur, laquelle, fort heureusement, demeure intacte dans nos archives, et où nous lisons que Madame de Frontenac tenait son mari au courant des plaintes portées contre lui auprès des ministres, nous ignorerions jusqu’à l’existence même des lettres de cette femme célèbre.

Cette irréparable perte crée un préjudice énorme à la mémoire de la Divine. Sachant bien qu’on ne pourra leur opposer la correspondance de Madame de Frontenac avec son mari, ses ennemis laissent entendre à qui veut écouter leurs insinuations, aussi perfides que malhonnêtes, que véritablement Anne de la Grange-Trianon usa de toute son influence pour faire prolonger le gouvernement de son mari dans la seule intention de le tenir éloigné d’elle, cette absence lui assurant toute liberté d’action.

  1. Cf : Henri Lorin : Le Comte de Frontenac, pages 27 et 28. — Paris — Armand Colin et Cie, éditeurs, 1895. — Cet ouvrage a été couronné par l’Académie des sciences morales et politiques.
    M. Henri Lorin, ancien élève de l’École Normale Supérieure de Paris, docteur ès lettres, est actuellement professeur de Géographie Coloniale à l’université de Bordeaux. Ce fort savant et fort aimable Français est absolument sympathique au Canada, et particulièrement à la Province de Québec.