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Lentement les derniers vestiges finissent par disparaître, la nouvelle génération qui grandit de nos jours, pourra difficilement se faire une idée quelque peu exacte de ces transformations gigantesques ; il est temps de consigner les souvenirs qui restent, pour ne pas perdre l’enchaînement qui existe entre la suite des temps[1])


Description générale de la ville.


Il ne faut pas croire qu’aux 15e et 16e siècles les escarpements qui séparent la ville haute de la ville basse, avaient le même aspect qu’aujourd’hui. Bien au contraire, les changements qui en ont transformé les abords par suite de l’ajoute successive des ouvrages de défense de l’ancienne forteresse, sont tellement grands qu’on aurait de la peine à s’y reconnaître, s’il était permis de porter un regard en arrière. La simple inspection des anciens plans, notamment de celui de Braun et Hagenberg, fait voir que le côté sud-est de la ville qu’il représente, était autre qu’aujourd’hui. Or il ne faut pas attribuer ces différences au manque de soin dans l’exécution des anciens plans, car la vérification de ceux auxquels notre travail se rapporte, démontre qu’on travaillait alors déjà avec beaucoup de précision.

Tout nous autorise à admettre que les abords de la ville étaient de tous côtés accessibles par des pentes douces et que la plupart des rocs taillés à pic sont de date récente et le résultat de la transformation en ville-forteresse.

Pour égaliser le plateau sur lequel est venu s’étendre la ville, pour la rendre de plus en plus inaccessible du dehors, les pentes douces qui environnaient la ville, ont été enlevées peu à peu et les déblais en ont servi de remblayage aux murs et remparts de la forteresse. La quantité de déblais nécessaire était tellement grande que cet enlèvement ne se bornait pas aux rochers ; la terre même qui recouvrait le sol des environs, a été prise et bien souvent au détriment des propriétaires. Les généraux qui présidaient aux constructions nouvelles de la forteresse, ne se faisaient du reste aucun scrupule de prendre des terres où bon leur semblait. Du temps de Créqui, un mètre de terre arable re-

  1. Nous tenons à remercier M. Aug. Kaufield, chef de section des chemins de fer Prince Henri, de l’obligeance qu’il a eue d’avoir bien voulu revoir le présent travail.