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Vous n’en aurez nulle ombre, et nul déplaisir ?
RAFEL
                                                          Non. -
Et du nouvel époux peut-on dire le nom ?
Foscoli, je suppose ?
CAMARGO
                             Oui, Foscoli lui-même.
RAFAEL
Parbleu ! j’en suis charmé ; c’est un garçon que j’aime,
Bonne lignée, et qui vous aime fort aussi.
CAMARGO
Et vous me pardonnez de vous quitter ainsi ?
RAFAEL
De grand cœur ! Ecoutez, votre amitié m’est chère ;
Mais parlons franc. Deux ans ! c’est un peu long. Qu’y faire ?
C’est l’histoire du cœur. — Tout va si vite en lui !
Tout y meurt comme un son, tout, excepté l’ennui !
Moi qui vous dis ceci, que suis-je ? une cervelle
Sans fond. — La tête court, et les pieds après elle ;
Et quand viennent les pieds, la tête au plus souvent
Est déjà lasse, et tourne où la pousse le vent !
Tenez, soyons amis, et plus de jalousie.
Mariez-vous. — Qui sait ? s’il nous vient fantaisie
De nous reprendre, eh bien ! nous nous reprendrons, -hein ?
CAMARGO
Très bien.
RAFAEL
                          Par saint Joseph ! je vous donne la main
Pour aller à l’église, et monter en carrosse !