Page:Musset - Premières Poésies Charpentier 1887.djvu/377

Cette page n’a pas encore été corrigée
368
PREMIÈRES POÉSIES.

III

Eh bien ! sachez-le donc, vous qui voulez sans cesse Mettre votre scalpel dans un couteau de bois ; Vous qui cherchez l’auteur à de certains endroits, Comme un amant heureux cherche, dans sou ivresse, Sur un billet d’amour les pleurs de sa maîtresse ; Et rêve, en le lisant, au doux son de sa voix ;

IV

Sachez-le, — c’est le cœur qui parle et qui soupire Lorsque la main écrit, — c’est le cœur qui se fond ; C’est le cœur qui s’étend, se découvre et respire. Comme un gai pèlerin sur le sommet d’un mont. Et puissiez— vous trouver, quand vous en voudrez rire, A dépecer nos vers le plaisir qu’ils nous font !

V

Qu’importe leur valeur ? La muse est toujours belle, Même pour l’insensé, même pour l’impuissant ; Car sa beauté pour nous, c’est notre amour pour elle-Mordez et croassez, corbeaux, battez de l’aile ; Le poëte est au ciel, et lorsqu’en vous poussant Il vous y fait monter, c’est qu’il en redescende