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DON PÂEZ.

               DON PAEZ
                     Donne-moi ce flacon. — Meurt-on vite ?
               BELISA
Non. — Lentement.
               DON PAEZ
                    Adieu, ma mère !
                                        Le flacon
Vide, il le reposa sur le bord du balcon. -
Puis tout à coup, stupide, il tomba sur la dalle,
Comme un soldat blessé que renverse une balle.
"Viens, dit la Belisa l’attirant, viens dormir
Dans mes bras, et demain tu viendras y mourir."

IV

Comme elle est belle au soir, aux rayons de la lune,
Peignant sur son col blanc sa chevelure brune !
Sous la tresse d’ébène on dirait, à la voir,
Une jeune guerrière avec un casque noir !
Son voile déroulé plie et s’affaisse à terre.
Comme elle est belle et noble ! et comme, avec mystère,
L’attente du plaisir et le moment venu
Font sous son collier d’or frissonner son sein nu !
Elle écoute. — Déjà, dressant mille fantômes,
La nuit comme un serpent se roule autour des dômes ;
Madrid, de ses mulets écoutant les grelots,