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PREMIÈRES POÉSIES.

                            As-tu si peu de cœur ?
               DON PAEZ
Elle mourra, sorcière, en m’embrassant.
               BELISA
                                            Ecoute.
Es-tu bien sûr de toi ? Sais-tu ce qu’il en coûte
Pour boire ce breuvage ?
               DON PAEZ
                             En meurt-on ?
               BELISA
                                             Tu seras
Tout d’abord comme pris de vin. — Tu sentiras
Tous tes esprits flottants, comme une langueur sourde
Jusqu’au fond de tes os, et ta tête si lourde
Que tu la croirais prête à choir à chaque pas. -
Tes yeux se lasseront, — et tu t’endormiras : -
Mais d’un sommeil de plomb, sans mouvement, sans rêve.
C’est pendant ce moment que le charme s’achève.
Dès qu’il aura cessé, mon fils, quand tu serais
Plus cassé qu’un vieillard, ou que dans les forêts
Sont ces vieux sapins morts qu’en marchant le pied brise,
Et que par les fossés s’en va poussant la bise,
Tu sentiras ton cœur bondir de volupté,
Et les anges du ciel marcher à ton côté !
               DON PAEZ
Et souffre-t-on beaucoup pour en mourir ensuite ?
               BELISA
Oui, mon fils.