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Mon habit. —Me donner le vôtre.

L’abbé ôte son manteau.

Mon habit. —Me donner le vôtre.Vous irez
À la petite porte, et là vous tousserez
Deux fois ; toussez un peu.

L’abbé.

Deux fois ; toussez un peu.Hum ! hum !

Rafael.

Deux fois ; toussez un peu.Hum ! hum !C’est à merveille.
Nous sommes à peu près de stature pareille.
Changeons d’habit. —

Ils changent.

Changeons d’habit. —Parbleu ! cet habit de cafard
Me donne l’encolure et l’air d’un escobard.
Le marquis Annibal ! l’abbé Garuci ! — Certe,
Le tour est des meilleurs. Or donc, la porte ouverte,
On vous introduira piano. — Mais n’allez pas
Perdre la tête là. — Prenez-la dans vos bras,
Et tout d’abord du poing renversez la chandelle. —
L’alcôve est à main droite en entrant. — Pour la belle,
Elle ne dira mot ; ne réponds rien. —

L’abbé.

Elle ne dira mot ; ne réponds rien. —J’y vais.
Marquis, c’est à la vie, à la mort. — Si jamais
Ma maîtresse te plaît, à tel jour, à telle heure
Que ce soit, écris-moi trois mots, et que je meure
Si tu ne l’as le soir !

Il sort.
Rafael lui crie par la fenêtre.

Si tu ne l’as le soir ! L’abbé, si vous voulez
Qu’on vous prenne pour moi tout à fait, embrassez
La servante en entrant. — Holà ! marauds, qu’on dise
À quelqu’un de m’aller chercher la Cydalise !