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Laërte.

Alors votre chapeau se meurt, mais non pas vous.

(Entrent Ninon et Ninette, toutes deux vêtues en religieuses.)

Que nous veut à présent cet habit de vestale ?
Sommes-nous par hasard à l’hôpital des fous ?

Ninon.

Mon père, permettez à deux infortunées
D’aller finir leurs jours dans le fond d’un couvent.

Laërte.

Ah ! voilà ce matin par où souffle le vent ?

Ninette.

Mon père et mon seigneur, vos filles sont damnées,
Elles n’auront jamais que leur Dieu pour époux.

Laërte.

Voyez, mon cher Irus, jusqu’où va votre empire.
On prend toujours le mal pour éviter le pire.
Mes filles aiment mieux épouser Dieu que vous.
Levez-vous, mes enfants ; — je suis ravi, du reste,
De voir que vous aimez Silvio toutes les deux.
Rentrez chez moi. — Ce jour doit être un jour heureux.
Et vous, mon cher garçon, allez changer de veste.

Irus.

Ai-je du sang sur moi ? Mon oreille me cuit.

Spadille.

Oui, monsieur.

Quinola.

Oui, monsieur.Non, monsieur.

Irus.

Oui, monsieur.Non, monsieur.Je me suis bien conduit.

(Exeunt.)