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Au fond de la forêt, couché sur le pavé ?

FRANK.

C’est lui qui l’a tué !

LES SOLDATS.

C’est lui qui l’a tué !Pour le piller, sans doute !
Misérable assassin ! meurtrier sans pitié !

FRANK.

Et son orgueil de fer, l’avez-vous oublié ?

TOUS.

Jetons sa cendre au vent !

FRANK.

Jetons sa cendre au vent !Au vent le parricide !
Le coupeur de jarrets, l’incendiaire au vent !
Allons, brisons ceci.

Il ouvre la bière.

LE PEUPLE ET LES SOLDATS.

Allons, brisons ceci.Moine, la bière est vide.

FRANK, se démasquant.

La bière est vide ? alors c’est que Frank est vivant.

LES SOLDATS.

Capitaine, c’est vous !

FRANK, à l’officier.

Capitaine, c’est vous !Lieutenant, votre épée.
Vous avez laissé faire une étrange équipée.
Si j’avais été mort, où serais-je à présent ?
Vous ne savez donc pas qu’il y va de la tête ?
Au nom de l’empereur, monsieur, je vous arrête ;
Ramenez vos soldats, et rendez-vous au camp.

Tout le monde sort en silence.

FRANK, seul.

C’en est fait, — une soif ardente, inextinguible,
Dévorera mes os tant que j’existerai.
Ô mon Dieu ! tant d’efforts, un combat si terrible,