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LES MARRONS DU FEU


PROLOGUE


Mesdames et messieurs, c’est une comédie,
Laquelle, en vérité, ne dure pas longtemps ;
Seulement que nul bruit, nulle dame étourdie,
Ne fasse aux beaux endroits tourner les assistants.
La pièce, à parler franc, est digne de Molière :
Qui le pourrait nier ? Mon groom et ma portière,
Qui l’ont lue en entier, en ont été contents.

Le sujet vous plaira, seigneurs, si Dieu nous aide ;
Deux beaux fils sont rivaux d’amour. La signora
Doit être jeune et belle, et si l’actrice est laide,
Veuillez bien l’excuser. — Or, il arrivera
Que les deux cavaliers, grands teneurs de rancune,
Vont ferrailler d’abord. — N’en ayez peur aucune ;
Nous savons nous tuer, personne n’en mourra.

Mais ce que cette affaire amènera de suites,
C’est ce que vous saurez, si vous ne sifflez pas.
N’allez pas nous jeter surtout de pommes cuites
Pour mettre nos rideaux et nos quinquets à bas.
Nous avons pour le mieux repeint les galeries. —
Surtout considérez, illustres seigneuries,
Comme l’auteur est jeune, et c’est son premier pas.