Ce sont des actions, des périls, dont l’empire
Est vivace, et résiste à l’heure des oublis.
Mais moi qui n’ai rien vu, rien fait, qu’ai-je à te dire ?
L’histoire de ma vie est celle de mon cœur ;
C’est un pays étrange où je fus voyageur.
Ah ! soutiens-moi le front, la force m’abandonne !
Parle, parle, je veux t’entendre jusqu’au bout.
Allons, un beau baiser, et c’est moi qui le donne,
Un baiser pour ta vie, et qu’on me dise tout.
Ah ! je n’ai pas toujours vécu comme l’on pense.
Ma famille était noble, et puissante à Florence.
On nous a ruinés ; — ce n’est que le malheur
Qui m’a forcée à vivre aux dépens de l’honneur…
Mon cœur n’était pas fait…
Voici peut-être ici la vingtième catin
À qui je la demande, et toujours ce refrain !
Qui donc ont-elles vu d’assez sot pour y croire ?
Mon Dieu ! dans quel bourbier me suis-je donc jeté ?
J’avais cru celle-ci plus forte, en vérité !
Quand mon père mourut…
Je me ferai conter le reste par Julie
Au premier carrefour où je la trouverai.
Dis-moi, ce fameux jour que tu m’as rencontré,
Pourquoi, par quel hasard, — par quelle sympathie
T’es-tu de m’emmener senti la fantaisie ?
J’étais couvert de sang, poudreux, et mal vêtu.