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Tout nous vient de l’orgueil, même la patience.
L’orgueil, c’est la pudeur des femmes, la constance
Du soldat dans le rang, du martyr sur la croix.
L’orgueil, c’est la vertu, l’honneur et le génie ;
C’est ce qui reste encore d’un peu beau dans la vie,
La probité du pauvre et la grandeur des rois.
Je voudrais bien savoir, nous tous tant que nous sommes,
Et moi tout le premier, à quoi nous sommes bons.
Voyez-vous ce ciel pâle, au delà de ces monts ?
Là, du soir au matin, fument autour des hommes
Ces vastes alambics qu’on nomme les cités.
Intrigues, passions, périls et voluptés,
Toute la vie est là, — tout en sort, tout y rentre.
Tout se disperse ailleurs, et là tout se concentre.
L’homme y presse ses jours pour en boire le vin,
Comme le vigneron presse et tord son raisin.

LE CHŒUR

Frank, une ambition terrible te dévore.
Ta pauvreté superbe elle-même s’abhorre ;
Tu te hais, vagabond, dans ton orgueil de roi,
Et tu hais ton voisin d’être semblable à toi.
Parle, aimes-tu ton père ? aimes-tu ta patrie ?
Au souffle du matin sens-tu ton cœur frémir,
Et t’agenouilles-tu lorsque tu vas dormir ?
De quel sang es-tu fait, pour marcher dans la vie
Comme un homme de bronze, et pour que l’amitié,
L’amour, la confiance et la douce pitié
Viennent toujours glisser sur ton être insensible,
Comme des gouttes d’eau sur un marbre poli ?
Ah ! celui-là vit mal qui ne vit que pour lui.
L’âme, rayon du ciel, prisonnière invisible,
Souffre dans son cachot de sanglantes douleurs.
Du fond de son exil elle cherche ses sœurs ;