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LA COUPE ET LES LEVRES
POÈME DRAMATIQUE
Entre la coupe et les lèvres, il reste encor
de la place pour un malheur.
Ancien proverbe.
DÉDICACE
À M. Alfred T***
Voici mon cher ami, ce que je vous dédie :
Quelque chose approchant comme une tragédie,
Un spectacle ; en un mot, quatre mains de papier.
J’attendrai là-dessus que le diable m’éveille.
Il est sain de dormir, — ignoble de bâiller.
J’ai fait trois mille vers : allons, c’est à merveille.
Baste ! il faut s’en tenir à sa vocation.
Mais quelle singulière et triste impression
Produit un manuscrit ! — Tout à l’heure, à ma table,
Tout ce que j’écrivais me semblait admirable.
Maintenant, je ne sais, — je n’ose y regarder.
Au moment du travail, chaque nerf, chaque fibre
Tressaille comme un luth que l’on vient d’accorder.
On n’écrit pas un mot que tout l’être ne vibre.