Vieille. — Me connais-tu ? Prends cette bourse, et songe
Que je ne veux de toi ni conte ni mensonge.
Quelque fille de France, avec de beaux cheveux
Bien blonds ! — J’en connais une.
Je n’ai plus maintenant d’amour que pour ma haine.
Ta belle t’a fait faute, et tu veux du poison.
D’un poignard est, je crois, plus profonde est plus sûre.
Ton coup, et mon poison ne le manquera pas.
Regarde comme il est vermeil, il donne envie
D’y goûter ; on dirait que c’est de l’eau-de-vie.
Empoisonnée ; — on a trop longtemps à souffrir.
Il faudrait rester là deux heures, et peut-être
L’achever. — Ton poison, c’est une arme de traître ;
C’est un chat qui mutile et qui tue à plaisir
Un misérable rat dont il a le loisir.
Et puis, cet attirail, cette mort si cruelle ;
Ces sanglots, ces hoquets… — Non, non ; elle est trop belle !
Elle mourra d’un coup.