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LIV


L’auteur du présent livre, en cet endroit, supplie
Sa lectrice, si peu qu’elle ait la main jolie
(Comme il n’en doute pas), d’y jeter un moment
Les yeux, et de penser à son dernier amant.
Qu’elle songe, de plus, que Mardoche était jeune,
Amoureux, qu’il avait pendant un mois fait jeûne,
Que la chambre était sombre, et que jamais baisé
Plus long ni plus ardent ne put être posé
D’une bouche plus tendre, et sur des mains plus blanches
Que celles que Rosine eut au bout de ses manches.


LV


Car, à dire le vrai, ce fut la Rosina
Qui parut tout à coup, quand la porte tourna.
Je ne sais, ô lecteur ! si notre ami Mardoche
En cette occasion crut son bien sans reproche ;
Mais il en profita. — Pour la table, le thé,
Les biscuits et le feu, ce fut vite apporté.
— Il pleuvait à torrents. — Qu’on est bien deux à table !
Une femme ! un souper ! je consens que le diable
M’emporte, si jamais j’ai souhaité d’avoir
Rien autre chose avant de me coucher le soir.


LVI


Lecteur, remarquez bien cependant que Rosine
Était blonde, l’œil noir, avait la jambe fine