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MARDOCHE


Voudriez-vous dire, comme de fait on peut logicalement inférer, que par ci-devant le monde eust esté fat, maintenant seroit devenu sage ?
(Pantagruel, liv. V.)


I


J’ai connu l’an dernier un jeune homme nommé
Mardoche, qui vivait nuit et jour enfermé.
Ô prodige ! il n’avait jamais lu de sa vie
Le Journal de Paris, ni n’en avait envie.
Il n’avait vu ni Kean, ni Bonaparte, ni
Monsieur de Metternich ; — quand il avait fini
De souper, se couchait, précisément à l’heure
Où (quand par le brouillard la chatte rôde et pleure)
Monsieur Hugo va voir mourir Phœbus le blond.
Vous dire ses parents, cela serait trop long.


II


Bornez-vous à savoir qu’il avait la Pucelle
D’Orléans pour aïeule en ligne maternelle.
D’ailleurs, son compagnon, compère et confident,
Était un chien anglais, bon pour l’œil et la dent.