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VII

Les femmes, j’en conviens, sont assez ignorantes.
On ne dit pas tout haut ce qui les rend contentes ;
Et, comme, en général, un peu de fausseté
Est leur plus grand plaisir après la vanité,
On en peut, par hasard, trouver qui sont méchantes.
Mais qu’y voulez-vous faire ? elles ont la beauté.

VIII

Or la beauté, c’est tout. Platon l’a dit lui-même,
La beauté, sur la terre, est la chose suprême.
C’est pour nous la montrer qu’est faite la clarté.
Rien n’est beau que le vrai, dit un vers respecté ;
Et moi, je lui réponds sans crainte d’un blasphème :
Rien n’est vrai que le beau, rien n’est vrai sans beauté.

IX

Quand le soleil entra dans sa route infinie,
À son premier regard, de ce monde imparfait
Sortit le peu de bien que le ciel avait fait ;
De la beauté l’amour, de l’amour l’harmonie ;
Dans ce rayon divin s’élança le génie ;
Voilà pourquoi je dis que Margot s’y connaît.

X

Et j’en dirais bien plus si je me laissais faire.
Ma poétique, un jour, si je puis la donner,