Page:Musset - Poésies, édition Nelson.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

ne daignait pas s’en apercevoir ; quand il s’en apercevait il devenait railleur à l’égard de la littérature de son temps et d’une façon assez aiguë et du reste très agréable. Le plus brillant des poètes de XVIIIe siècle est M. de Musset, né trop tard dans un siècle trop jeune, en 1810. » Il y a eu en Musset un tout autre homme qui s’enamoura de 1825 à 1828 de lord Byron. Il s’est fait dire par une dame en 1843 :

« Je vous ai vu bambin, boudeur et paresseux. Vous aimiez lord BjTon, les grands vers et la danse. »

Il aimait lord Byron, celui de Lara, de Manfred, du Corsaire et particulièrement celui de Don Juan. Il aimait le héros sombre, ténébreux, misanthrope, fatal, maudit, satanique, qui a dans son passé quatre ou cinq histoires mystérieuses et tragiques, qui laisse voir sur son visage pâle et dans ses yeux sombres et qui étale un peu sa « grande âme immortellement triste et promenant sur toute la terre, trop petite pour ses caprices, son immortel ennui ». Il aimait (et il en faisait) les drames courts, généralement, mais sombres et sanglants, les romans d’Espagne ou d’Italie où la bizarrerie du cadre ajoutait à l’étrangeté du tableau, les histoires violentes et tragiques qui plus tard plurent fort à Stendhal qu’il a appelé « ce