IL y a plusieurs Musset, comme dans tout homme
richement doué il y a toujours plus d’un seul homme,
par compensation de tel ou tel qui est très éloigné
d’en contenir même un seul.
Il y a dans Musset d’abord un homme du XVIIIe
siècle, élégant, fringant, léger, impertinent, « gamin !»,
un peu roué, mais de très bonne compagnie encore,
sachant rimer un joli conte, sertir un gracieux madrigal, soutenir et aussi rompre gentiment une conversation brillante, charmer les femmes, inquiéter
un peu les hommes, railler avec esprit un travers à
la mode ou ses rivaux ou ses ennemis, ou ses amis,
ou lui-même, galant, coquet, rieur, frondeur, spirituel
toujours et ne cessant d’épanouir à l’air sa désinvolture.
C’est ce Musset-là que l’on a appelé dandy, sans qu’il fût nécessaire ni même juste de chercher un mot