je buvais un coup de vin, je veux dire un verre d’eau, pour chasser la digestion tardive, imaginez que j’ai vu passer sous la fenêtre dame Pluche hors d’haleine.
Pourquoi hors d’haleine, Blazius ? Ceci est insolite.
Et, à côté d’elle, rouge de colère, votre nièce Camille.
Qui était rouge de colère, ma nièce, ou dame Pluche ?
Votre nièce, seigneur.
Ma nièce rouge de colère ! Cela est inouï ! Et comment savez-vous que c’était de colère ? Elle pouvait être rouge pour mille raisons ; elle avait sans doute poursuivi quelques papillons dans mon parterre.
Je ne puis rien affirmer là-dessus ; cela se peut ; mais elle s’écriait avec force : Allez-y ! Trouvez-le ! Faites ce qu’on vous dit ! Vous êtes une sotte ! Je le veux ! Et elle frappait avec son éventail sur le coude de dame Pluche, qui faisait un soubresaut dans la luzerne à chaque exclamation.
Dans la luzerne ?… Et que répondait la gouvernante aux extravagances de ma nièce ? car cette conduite mérite d’être qualifiée ainsi.
La gouvernante répondait : Je ne veux pas y aller ! Je ne l’ai pas trouvé ! Il fait la cour aux filles du village, à des gardeuses de dindons. Je suis trop vieille pour commencer à porter des messages d’amour ; grâce à Dieu, j’ai vécu les mains pures jusqu’ici ; — et tout en parlant elle froissait dans ses mains un petit papier plié en quatre.
Je n’y comprends rien ; mes idées s’embrouillent tout à fait. Quelle raison pouvait avoir dame Pluche pour froisser un papier plié en quatre en faisant des soubresauts dans une luzerne ? Je ne puis ajouter foi à de pareilles monstruosités.
Ne comprenez-vous pas clairement, seigneur, ce que cela signifiait ?