Page:Musset - On ne badine pas avec l'amour, 1884.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Camille, regardant un tableau.

Voilà un beau portrait, mon oncle ! N’est-ce pas une grand’tante à nous ?

Le Baron

Oui, mon enfant, c’est ta bisaïeule, — ou du moins la sœur de ton bisaïeul, — car la chère dame n’a jamais concouru, — pour sa part, je crois, autrement qu’en prières, — à l’accroissement de la famille. C’était, ma foi, une sainte femme.

Camille

Oh ! oui, une sainte ! c’est ma grand’tante Isabelle. Comme ce costume religieux lui va bien !

Le Baron

Et toi, Perdican, que fais-tu là devant ce pot de fleurs ?

Perdican

Voilà une fleur charmante, mon père. C’est un héliotrope.

Le Baron

Te moques-tu ? elle est grosse comme une mouche.

Perdican

Cette petite fleur grosse comme une mouche a bien son prix.

Maître Bridaine

Sans doute ! le docteur a raison. Demandez-lui à quel sexe, à quelle classe elle appartient, de quels éléments elle se forme, d’où lui viennent sa sève et sa couleur ; il vous ravira en extase en vous détaillant les phénomènes de ce brin d’herbe, depuis la racine jusqu’à la fleur.

Perdican

Je n’en sais pas si long, mon révérend. Je trouve qu’elle sent bon, voilà tout.



Scène III

(Devant le château.)

Entre Le Chœur.

Plusieurs choses me divertissent et excitent ma curiosité. Venez, mes amis, et asseyons-nous sous ce noyer. Deux formidables dîneurs sont en ce moment en présence au château, maître Bridaine et maître Blazius.