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Et buvons à pleine gorge
A luy et à Monsieur George.
Ce sont des hommes d’honneur
Et d’une agréable humeur,
Car ils nous ont l’autre année
Fourni de bonne vinée
Dont le parfum non pareil
A garenti de cercueil
Plusieurs qui fussent grand’erre
Allé dormir sous la terre.
Et ne trouve quant à moy
Drogue de meilleur aloy
En notre France nouvelle
Pour braver la mort cruelle
Que vivre joyeusement
Avec le fruit du sarment.
Est-ce pas bon ménage
D’avoir vu si bon bruvage
Jusques ores conservé.
Car ici n’avons trouvé
Que bien petite vendange
Ce qui nous est bien étrange.
Car le cidre malouin
Ne vaut pas du petit vin.
Mais aions la patience
Que soyons rendus en France.

Le vin de l’Aunis, de la Saintonge et du Bordelais était en effet constamment chargé, mais en petite quantité toutefois, sur les navires. Si l’on en croit Denis de la Ronde, dans sa Description de l’Amérique septentrionale, on le ménageait, on le réservait pour les jours de fête et les dimanches ; et les autres jours, pour ne pas épuiser la provision, on en faisait