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eaux de Terre-Neuve ne paraît pas invraisemblable, quand on sait que, dans tous les temps et principalement au xve siècle, les armateurs rochelais, soit par eux-mêmes, soit par le moyen des navires basques, se livraient avec ardeur à la pêche de la baleine. Cette pêche dut les entraîner bien souvent dans les mers septentrionales, et put les conduire jusqu’aux approches de Terre-Neuve. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que le but des négociants rochelais ne fut pas, de longtemps, la prise de possession de ces terres lointaines ; leurs visées n’étaient pas si ambitieuses. Faire des pêches fructueuses, en apporter le produit dans leur ville, cela leur suffisait amplement. Et nous en avons une preuve dans ce fait que Cartier, accomplissant en 1534, sous le patronage du roi de France, un grand voyage à Terre-Neuve et sur les côtes du Saint-Laurent, rencontra dans les eaux de ce fleuve, un navire rochelais qui, de sa propre initiative, se livrait à la pêche, sans aucune prétention de découverte.

Donc, sans vouloir attacher une importance excessive à cette priorité de la découverte de Terre-Neuve par les Rochelais, fait qui restera forcément dans l’ombre, à cause de la disette de nos documents, on peut toutefois reconnaître qu’il n’y aurait là rien d’invraisemblable. Thévet, d’ailleurs, sur ce point, ne s’attira aucun démenti de la part de ses contemporains.