Page:Musset - Les Rochelais à Terre-Neuve, 1899.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[ 134 ]

reste absolument certain que la France a un droit exclusif sur la côte de Terre-Neuve du cap Saint-Jean au cap Raye, pour y exercer la pêcherie quelle qu’elle soit et y préparer à terre le produit de sa pêche.

Est-ce à dire que la question soit sans intérêt, d’aucuns prétendant que la marine se désintéresse de Terre-Neuve ?

Dans un remarquable article de la Revue politique et parlementaire, du 15 Avril dernier, l’auteur qui signe « un diplomate », démontre absolument le contraire. Il s’autorise de raisons fondamentales et s’appuie notamment sur un témoin qui ne peut être suspect, M. Walter R. Hearn, consul d’Angleterre, à Bordeaux. Celui-ci, dans un rapport adressé à son gouvernement et plus spécial à Bordeaux qu’aux autres ports, constate que le nombre des bateaux français employés à Terre-Neuve est de 199 de 250 à 300 tonneaux chacun. Ces navires sont montés par 13.000 hommes d’équipage environ qui forment pour la marine française une excellente réserve qu’il serait impossible de se procurer ailleurs. La seule importation de la morue à Bordeaux qui n’était que de 13.000 tonnes en 1875, s’est élevée en 1897 à plus de 35.000 tonnes provenant de Terre-Neuve.

La pêche de Terre-Neuve est donc pour la France une industrie considérable et grandissante qu’il faut défendre et protéger.