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par la violence, et fût-ce même en temps de paix, à l’encontre de toutes les notions du droit des gens. Mais ces entreprises ne constituaient aucun droit contre la France ; et quand elles n’étaient pas réprimées par une légitime résistance ou par l’intervention des souverains étrangers, qui, à l’occasion, eurent la loyauté d’infliger des blâmes à leurs sujets, les occupations qui en résultaient, ne pouvaient consister qu’en de simples tolérances.

Il en était ainsi pour Terre-Neuve dans les années qui précédèrent le traité d’Utrecht. Cette île était à La France. Il n’y avait point de sauvages sédentaires. Ceux qu’on y voyait parfois étaient des Esquimaux qui venaient, à travers le détroit de Belle-Isle, avec de grandes chaloupes, pour surprendre les équipages des vaisseaux pêcheurs. La mise en culture de la terre n’avait jamais été tentée sérieusement, car, à cette époque, un homme y gagnait plus à pêcher les morues durant l’été que dix autres à travailler la terre.

Les Anglais seuls s’étaient permis de fonder plusieurs ports sur la côte orientale ; mais sentant bien l’illégitimité de leur établissement, ils s’y tenaient sur la défensive, et avaient soin de fortifier leurs habitations.

Quant à la côte méridionale, elle était occupée par la pêche française, et on y trouvait notamment ce poste de Plaisance qui était le plus