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On voit décidément que les homards ne sont pas une découverte moderne, quoiqu’on prétende de l’autre côté de la Manche, et que les vieux pionniers de la Nouvelle-France savaient les apprécier.

Il n’est pas jusqu’aux poètes qui nous édifient sur tous ces points intéressants.

Les Muses de la Nouvelle France, de Marc Lescarbot, en donnent un curieux exemple :

« Si tôt que du Printemps la saison renouvelle,
L’Eplan vient à foison, qui t’apporte nouvelle
Que Phœbus élevé dessus ton horizon
A chassé loin de toy l’hivernale saison.
Le haren vient après avecque telle presse
Que seul, il peut remplir un peuple de richesse.
Mes yeux en sont témoins, et les vôtres aussi
Qui de notre pâture avés eu le souci,
Quand, ailleurs occupez, votre main diligente
Ne pouvoit satisfaire à la chasse plaisante
Qu’envoioit en voz yets l’écluse d’un moulin.
Le Bar suit par après d’un haren le chemin.
Et en un même temps la petite sardine,
Le crappe et le homar suit la côte marine.
Pour un semblable effect, le dauphin, l’esturgeon
Y vient, parmi la foule, avecque le saumon,
Comme font le turbot, la pounamou, l’anguille,
L’alose, le flétan, et la loche et l’équille :
Équille, qui petite, as imposé le nom
À ce fleuve de qui je chante le renom.[1]
Mais ce n’est ici tout, car tu as davantage

  1. C’est la rivière de l’Équille qui se décharge au Port-Royal, dite depuis la rivière des Dauphins.