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assister toutefois à tous les détails de la pêche et nous apprenent le nom de tous les habitants de la mer qui attiraient nos pêcheurs. Ils ne cessent de répéter, depuis la fin du xvie siècle, sans prévoir l’intérêt que nous attacherions à deux et trois siècles de distance à leurs descriptions, que les Français venaient là faire leurs pêcheries de toutes sortes, en dehors même de la morue.

Quels étaient donc ces habitants de la mer que les pêcheurs trouvaient et recherchaient dans ces parages ?

Les historiens du xviie siècle, Lescarbot, Biart, Champlain se répètent à l’envi sur ce point et vont nous en donner une description parfois pittoresque.

C’étaient des « marsouyns adhétins, sorte de poissons blancs comme neige, grands comme un marsouyn de France, ayant le corps et la tête comme un lièvre et qui se tient entre la mer et l’eau douce » ; en juin, juillet et août, force maquereaux, mulets, bars, « sartres », grosses anguilles, et en sa saison « l’esplan » connu en Seine ; des loups marins, c’est-à-dire des phoques, qui bien qu’aquatiques, frayent sur certaines îles en janvier. La chair avait la réputation d’en être aussi bonne que celle du veau ; les indigènes, avant même l’arrivée des Européens, en tiraient une huile qui leur servait de sauce toute l’année, et qu’ils conservaient