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de sa beauté ? Sa beauté même, c’est l’éloge et le regard de son amant. Non, non, il n’en faut pas douter ; qui a aimé ne vit plus sans amour ; qui apprend une mort se rattache à la vie. Brigitte m’aime et en mourrait peut-être ; je me tuerai, et un autre l’aura.

« Un autre ! un autre ! répétai-je en m’inclinant, appuyé sur le lit, et mon front effleurait son épaule. N’est-elle pas veuve ? pensai-je ; n’a-t-elle pas déjà vu la mort ? ces petites mains délicates n’ont-elles pas soigné et enseveli ? Ses larmes savent combien elles durent, et les secondes durent moins. Ah ! Dieu me préserve, pendant qu’elle dort, à quoi tient-il que je ne la tue ? Si je l’éveillais maintenant, et si je lui disais que son heure est venue et que nous allons mourir dans un dernier baiser, elle accepterait. Que m’importe ? Est-il donc sûr que tout ne finisse pas là ? »