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répètent, volent de bouche en bouche, et s’exagèrent ; ce fut alors ce qui arriva.

Brigitte et moi nous nous trouvions l’un vis-à-vis de l’autre dans une position nouvelle. Quelque faiblesse qu’elle eût mise dans sa tentative de départ, elle ne l’en avait pas moins faite. C’était sur ma prière qu’elle était restée ; il y avait là une obligation. Je m’étais engagé à ne troubler son repos ni par ma jalousie ni par ma légèreté ; chaque parole dure ou railleuse qui m’échappait était une faute ; chaque regard triste qu’elle m’adressait était un reproche senti et mérité.

Son bon et simple naturel lui fit trouver d’abord à sa solitude un charme de plus ; elle pouvait me voir à toute heure et sans être obligée à aucune précaution. Peut-être se livra-t-elle à cette facilité pour me prouver qu’elle préférait son amour à sa réputation ; il semblait qu’elle se repentît de s’être montrée sensible aux discours des médisants.