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oisive ne cessait jamais ; et par la raison que je n’avais pensé qu’à elle tant qu’elle m’avait été fidèle, je me trouvai sans une pensée lorsqu’elle m’eut trahi.

Pour donner une idée de l’état où se trouvait alors mon esprit, je ne puis mieux le comparer qu’à un de ces appartements comme on en voit aujourd’hui, où se trouvent rassemblés et confondus des meubles de tous les temps et de tous les pays. Notre siècle n’a point de formes. Nous n’avons donné le cachet de notre temps ni à nos maisons, ni à nos jardins, ni à quoi que ce soit. On rencontre dans les rues des gens qui ont la barbe coupée comme du temps d’Henri III, d’autres qui sont rasés, d’autres qui ont les cheveux arrangés comme ceux du portrait de Raphaël, d’autres comme du temps de Jésus-Christ. Aussi les appartements des riches sont des cabinets de curiosités ; l’antique, le gothique, le goût de la Renaissance, celui de Louis XIII,