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que par obéissance pour mon père, mais sans pouvoir jamais vaincre ma répugnance.

J’étais donc libre, non par paresse, mais par volonté ; aimant d’ailleurs tout ce qu’a fait Dieu, et bien peu de ce qu’a fait l’homme. Je n’avais connu de la vie que l’amour, du monde que ma maîtresse, et n’en voulais savoir autre chose. Aussi étant devenu amoureux en sortant du collège, j’avais cru sincèrement que c’était pour ma vie entière, et toute autre pensée avait disparu.

Mon existence était sédentaire. Je passais la journée chez ma maîtresse ; mon grand plaisir était de l’emmener à la campagne durant les beaux jours de l’été, et de me coucher avec elle dans les bois, sur l’herbe ou sur la mousse, le spectacle de la nature dans sa splendeur ayant toujours été pour moi le plus puissant des aphrodisiaques. En hiver, comme elle aimait le monde, nous courions les bals et les masques, en sorte que cette vie