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complet délire. Elle jeta son manteau sur ses épaules et sortit en courant.

Lorsque Desgenais sut cette histoire, il me dit : « Pourquoi n’avez-vous pas voulu d’elle ? vous êtes bien dégoûté ; c’est une jolie femme.

– Plaisantez-vous ? lui dis-je. Croyez-vous qu’une pareille femme puisse être ma maîtresse ? croyez-vous que je consente jamais à partager avec un autre ? songez-vous qu’elle-même avoue qu’un autre la possède, et voulez-vous que j’oublie que je l’aime, afin de la posséder aussi ? Si ce sont là vos amours, vous me faites pitié. »

Desgenais me répondit qu’il n’aimait que les filles, et qu’il n’y regardait pas de si près. « Mon cher Octave, ajouta-t-il, vous êtes bien jeune ; vous voudriez avoir bien des choses, et de belles choses, mais qui n’existent pas. Vous croyez à une singulière sorte d’amour ; peut-être en êtes-vous capable ;