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Cependant, les arrangements faits, nous nous mîmes en ligne mon adversaire et moi, avançant lentement l’un sur l’autre. Il tira le premier et me fracassa le bras droit. Je pris aussitôt mon pistolet de l’autre main ; mais je ne pus le soulever, la force me manquant, et je tombai sur un genou.

Alors je vis mon ennemi s’avancer précipitamment, d’un air inquiet et le visage très pâle. Mes témoins accoururent en même temps, voyant que j’étais blessé ; mais il les écarta et me prit la main de mon bras malade. Il avait les dents serrées et ne pouvait parler : je vis son angoisse. Il souffrait du plus affreux mal que l’homme puisse éprouver. « Va-t’en, lui criai-je, va-t’en t’essuyer aux draps de *** ! » Il suffoquait et moi aussi.

On me mit dans un fiacre, où je trouvai un médecin. La blessure ne se trouva pas dangereuse, la balle n’ayant point touché les os ; mais j’étais dans un tel état d’excitation qu’il fut impossible de me panser sur-le-