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Je ne sais si elle me reconnut ; il y avait quelques instants que j’étais là, lorsque je l’entendis, de sa voix douce et fraîche, chanter le refrain d’une romance, et presque aussitôt une fleur me tomba sur l’épaule. C’était une rose que, le soir même, j’avais vue sur son sein ; je la ramassai et la portai à mes lèvres.

« Qui est là, dit-elle, à cette heure ? est-ce vous ? » Elle m’appela par mon nom.

La grille du jardin était entr’ouverte ; je me levai sans répondre et j’y entrai. Je m’arrêtai au milieu de la pelouse ; je marchais comme un somnambule, et sans savoir ce que je faisais.

Tout à coup, je la vis paraître à la porte de l’escalier ; elle paraissait incertaine, et regardait attentivement aux rayons de la lune. Elle fit quelques pas vers moi ; je m’avançai. Je ne pouvais parler ; je tombai à genoux devant elle et saisis sa main.