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s’agissait d’aller à une serre qui était au fond du jardin.

Madame Pierson traitait ses fleurs comme ses oiseaux et ses paysans ; il fallait que tout se portât bien autour d’elle, que chacun eût sa goutte d’eau et son rayon de soleil, pour qu’elle pût être elle-même gaie et heureuse comme un bon ange ; aussi rien n’était mieux tenu ni plus charmant que sa petite serre. Lorsque nous en eûmes fait le tour : « Monsieur de T***, me dit-elle, voilà mon petit monde ; vous avez vu tout ce que je possède, et mon domaine finit là.

— Madame, lui dis-je, que le nom de mon père, qui m’a valu d’entrer ici, me permette d’y revenir, et je croirai que le bonheur ne m’a pas tout à fait oublié. »

Elle me tendit la main, et je la touchai avec respect, n’osant la porter à mes lèvres.

Le soir venu, je rentrai chez moi, fermai ma porte et me mis au lit. J’avais devant les