Page:Musset - La Confession d’un enfant du siècle, vol. I, 1836.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée

se leva, et me voyant distrait : « À quoi songez-vous ? me dit-elle ; il est temps de nous remettre en marche.

— Je songeais, répondis-je, pourquoi Dieu vous a créée, et je me disais qu’en effet c’était pour guérir ceux qui souffrent.

— Voilà une parole, dit-elle, qui ne peut guère être dans votre bouche autre chose qu’un compliment.

— Pourquoi ?

— Parce que vous me paraissez bien jeune.

— Il arrive quelquefois, lui dis-je, qu’on soit plus vieux que son visage.

— Oui, répondit-elle en riant, et il arrive aussi qu’on soit plus jeune que ses paroles.

— Ne croyez-vous pas à l’expérience ?

— Je sais que c’est le nom que la plupart des hommes donnent à leurs folies et à leurs chagrins ; qu’en peut-on savoir à votre âge ?

— Madame, un homme de vingt ans peut avoir plus vécu qu’une femme de trente. La