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classai en ordre. Je pris alors la résolution d’écrire aussi mon journal ; j’en fis relier un tout semblable à celui de mon père, et recherchant soigneusement sur le sien les moindres occupations de sa vie, je pris à tâche de m’y conformer. Ainsi, à chaque instant de la journée, l’horloge qui sonnait me faisait venir les larmes aux yeux. « Voilà, me disais-je, ce que faisait mon père à cette heure » ; et que ce fût une lecture, une promenade ou un repas, je n’y manquais jamais. Je m’habituai de cette manière à une vie calme et régulière ; il y avait dans cette exactitude ponctuelle un charme infini pour mon cœur. Je me couchais avec un bien-être que ma tristesse même rendait plus agréable. Mon père s’occupait beaucoup de jardinage ; le reste du jour, l’étude, la promenade, une juste répartition entre les exercices du corps et ceux de l’esprit. En même temps j’héritais de ses habitudes de bienfaisance et continuais