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ce ruisseau limpide que j’avais vu tomber dans l’Océan.

« Ô homme juste ! m’écriai-je, homme sans peur et sans reproche ! quelle candeur dans ton expérience ! Ton dévouement pour tes amis, ta tendresse divine pour ma mère, ton admiration pour la nature, ton amour sublime pour Dieu, voilà ta vie ; il n’y a pas eu place dans ton cœur pour autre chose. La neige intacte au sommet des montagnes n’est pas plus vierge que ta sainte vieillesse : tes cheveux blancs lui ressemblaient. Ô père ! ô père ! donne-les-moi ; ils sont plus jeunes que ma tête blonde. Laisse-moi vivre et mourir comme toi ; je veux planter sur la terre où tu dors le rameau vert de ma vie nouvelle ; je l’arroserai de mes larmes, et le Dieu des orphelins laissera pousser cette herbe pieuse sur la douleur d’un enfant et sur le souvenir d’un vieillard. »

Après avoir lu ces papiers chéris, je les